Communiqué de presse : Audience du procès du CIVB contre « Alerte aux toxiques »

HVE: pour une Haute Vigilance Environnementale

Le groupe des élu.e.s Génération.s-EELV du Conseil Départemental de la Gironde apporte son soutien à l’association « Alerte aux toxiques » et sa porte-parole Valérie Murat.  Sous le coup d’une action en justice menée par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), leur audience se tient ce jeudi 17 décembre à Libourne.

En cause, la dénonciation de la certification dite à « Haute Valeur Environnementale » (HVE) qui n’interdit pas l’usage de pesticides de synthèse, y compris les CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) et les SDHI, preuve à l’appui de la présence de résidus de pesticides dans de nombreuses bouteilles analysées.

Or depuis des années, les analyses de vins publiées par Alerte aux toxiques, tout comme leur dénonciation des pratiques dangereuses dans la viticulture, sont utiles au public comme à la profession. Cela a permis de briser l’omerta qui règne dans le vignoble bordelais alors que la viticulture représente 20% des pesticides utilisés en France pour seulement 3% de la Surface Agricole Utile ! Alerte aux toxiques a aussi poussé les viticulteurs et le CIVB à prendre des engagements, bien que cela reste toujours trop faible.

Où en serait-on aujourd’hui sans le travail acharné de ces lanceurs d’alerte ? Sans les scandales pointés du doigt et la forte demande de changement émanant de la société, jamais le CIVB ne remettrait en cause les pratiques dangereuses pour les salarié.e.s qui appliquent les traitements, qui polluent l’air, l’eau et les sols, qui menacent la biodiversité, ainsi que les riverains, promeneurs ou écoliers qui inhalent ces traitements.

Attention ! L’arme juridique utilisée aujourd’hui par le CIVB risque de tuer l’association et derrière elle toute voix discordante qui ne soutiendrait pas la « HVE ». Il est en effet totalement disproportionné de réclamer 100.000€ « en réparation du préjudice collectif subi à raison de ce dénigrement » et le retrait des supports de communication de l’association avec une astreinte journalière de 5000€.Tout cela à une association qui a dû recourir à un financement participatif de 5000€ pour lancer son étude !

Ne nous y trompons pas, le CIVB cherche ici à museler toute critique citoyenne d’un modèle agricole à bout de souffle et qui pense avoir trouvé dans la HVE une façon de redorer son blason : sur les 8218 exploitations actuellement certifiées, 6699 sont des exploitations viticoles, soit 80% ! Si le CIVB réussi à faire condamner Alerte aux toxiques, nous prenons donc le risque de voir des labels de qualités tels que «AB » pour le bio, noyés sous des certifications HVE qui embrouillent les consommateurs.

Qu’y a-t-il derrière la certification HVE ? Où est la transparence lorsqu’il existe 2 options pour être certifié ? Lorsque la quantité de produits phytosanitaires (pesticides de synthèse) autorisée dépend ici du chiffre d’affaires, là d’un taux de référence (IFT) qui lui-même diffère selon les régions et les bassins viticoles ? Que 14 organismes différents peuvent accompagner les exploitants en Gironde ? Et que plus de 15 organismes certificateurs ont été agréés à délivrer la mention HVE ? C’est tout simplement une usine à gaz.

En réalité, on fait passer quelque chose qui est déjà inscrit dans le plan Ecophyto II, à savoir la réduction par 2 de l’utilisation des pesticides d’ici 2025 pour quelque chose de vertueux. Mais est-il vertueux de se conformer à une directive européenne qui date de 2009 ? Ce qui est réellement vertueux c’est l’objectif zéro pesticide de synthèse !

Enfin la certification est apposée sur un produit, laissant penser à des garanties strictes concernant le produit lui-même. Ce n’est pas le cas car l’évaluation porte sur les exploitations.

La HVE rompt la confiance que sont censés apporter les étiquetages des produits que nous consommons, alors que les consommateurs réclament un changement de pratique. Pour rétablir cette confiance, il faut donc que le droit à une information transparente soit garanti, autant que la santé et la sécurité des viticulteurs.

Face aux tentatives d’intimidation et de censure du CIVB, nous, élu.e.s écologistes appelons la filière viticole bordelaise à recréer un lien de confiance avec les consommateurs, avec le soutien du Département.

Nous appelons donc le Département de la Gironde à ne pas soutenir la certification HVE, à réorienter prioritairement ses aides vers les conversions et le maintien des viticulteurs certifiés bio (AB), en particulier en revalorisant le dispositif « zéro herbicide – zéro CMR – zéro SDHI » en dispositif zéro pesticide.

Le groupe des élu.e.s Génération.S – EELV du Conseil départemental de Gironde

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