RER Girondin

Le groupe d’élu-e-s « Écologie et Solidarités » du Conseil départemental de la Gironde est attentif au développement des mobilités actives et aux transports du quotidien. Le Réseau Express Régional (RER) en Gironde a vocation à se développer, avec le concours du Département de la Gironde, grâce à sa politique volontariste qui se concrétise par sa participation à hauteur de 170 millions d’euros au financement de certaines lignes qui nous semblent prioritaires.

En effet, le projet global, financé par l’État, la Région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux-Métropole et le Département, d’un coût de 680 millions d’euros, consiste en l’amélioration des lignes ferroviaires Libourne-Bordeaux-Arcachon, Saint-Marien/Saint-Yzan-Bordeaux-Langon et Bordeaux/Pessac-Pointe de Grave, et en la création de deux nouveaux pôles d’échange.

Globalement, ce sont trois cents kilomètres de lignes ferroviaires et 54 gares qui bénéficieront de la mise en place du réseau, et de multiples travaux de modernisation. Un fort investissement dans le matériel roulant améliorera le confort des voyageurs. Deux nouvelles haltes – au Bouscat-Sainte-Germaine et à Talence-La-Médoquine – permettront d’accroître l’intermodalité du réseau et de le rendre accessible au plus grand nombre. Il serait pertinent que cette nouvelle halte de Talence-La-Médoquine soit aussi desservie par des TER (par exemple ceux allant à Dax ou Mont de Marsan) et non pas uniquement par le RER – M comme cela est prévu aujourd’hui.

Grâce à la modernisation et au cadencement, les temps de trajets seront réduits et la ponctualité améliorée. La ceinture ferroviaire permettra aux Girondines et aux Girondins de bénéficier d’une offre ferroviaire locale qui ne fera plus de Bordeaux Saint-Jean, un passage obligé. Cela engendrera un gain de temps sensible pour les voyageurs, puisque pour certains voyages, le temps de trajet sera réduit de 30 minutes.

Le temps sera aussi optimisé dans la gare de Bordeaux Saint-Jean elle-même puisqu’il faut rappeler qu’un train en terminus et qui doit faire demi-tour occupe un quai pendant 30 minutes, alors qu’un train qui marque un arrêt n’occupe le quai que le temps que les passagères et les passagers montent ou descendent du train.

L’ensemble de ces mesures créeront un service de qualité, qui profitera aux Girondines et de Girondins qui ont la chance de vivre à proximité d’une gare du futur RER. Ce projet , par son maillage, permettra d’équilibrer davantage le territoire et de décarboner les mobilités pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Cependant, le projet appelle quelques points de vigilance.

Nous souhaitons que l’objectif du RER girondin soit de lier des territoires entre eux, avec un cadencement important des trains afin que l’usage de la voiture individuelle puisse être réduit. Des transports en commun efficaces et bien cadencés sont naturellement plus attractifs et le changement d’habitude des habitant.e.s dans leur mobilité quotidienne peut s’opérer.

Il est impératif que le RER ne soit pas un projet isolé, mais qu’il s’inscrive dans un schéma plus large de transports régionaux. Un travail de cadencement doit être mené avec les autres réseaux de transports (Baïa, Calibus, TBM, bacs de la Gironde et cars de la Nouvelle-Aquitaine) afin de garantir les correspondances et l’intermodalité, pour que ceux qui ne vivent pas à proximité immédiate des gares puissent continuer leurs trajets après la descente du train avec des mobilités actives ou des transports en commun. Le succès de la ligne de car express 407 Créon-Bordeaux pourrait inspirer d’autres lignes express, qui compléteraient le maillage du nouveau RER ferroviaire et assureraient la bonne desserte de l’ensemble du territoire.

La possibilité de compléter le triangle des échoppes pourrait aussi être étudiée pour permettre aux trains RER venant du Bassin d’Arcachon (ligne Arcachon-Libourne) de prendre la ceinture ferroviaire puis d’aller vers le Médoc. De nombreux voyageurs travaillent à l’ouest de la Métropole et viennent du Bassin d’Arcachon.

Quant à l’intermodalité et à la part des mobilités actives, nous voulons insister sur l’importance de faciliter la desserte des stations à vélo avec infrastructures d’accès et parkings vélos fermés, en reprenant les propositions de l’association Vélo-Cité faites dans son plaidoyer pour la métropole bordelaise.

Si la LGV Bordeaux-Toulouse est abandonnée, les sept milliards d’économies pourront être réinvesties dans les lignes du quotidien. Nous pourrions alors envisager plus sérieusement la réouverture de la ligne girondine Blaye – Saint-Mariens, ainsi que de multiples autres investissements dans le réseau local (électrification, signalisation, sécurisation, etc.). Au-delà de notre département, la réouverture des lignes interrégionales Bordeaux – Clermont-Ferrand et Mont-de-Marsan – Tarbes – Bagnères-de-Bigorre, qui desservaient des zones aujourd’hui abandonnées par le train, doit être étudiée, de même que les lignes Montréjeau – Luchon et Auch – Agen. Un service régulier Bordeaux – Lyon mériterait aussi d’être rétabli pour éviter de devoir passer par la capitale.

Enfin, la mise en concurrence prochaine qui se dessine en raison de la volonté de l’exécutif du Conseil Régional, implique une extrême prudence. La réglementation européenne et la loi française autorisent la prolongation des conventions liant les Régions à la SNCF. La mise en concurrence fait planer le risque de voir se développer les lignes rentables au détriment des lignes qui le sont moins mais qui sont pour autant essentielles au maintien et au développement des liens à tisser entre les territoires pour participer à les rendre équilibrés et solidaires.


Note de terminologie

Il convient de noter que ce projet est bien un « RER girondin » et non un « RER métropolitain » comme on peut parfois le lire et qui relève du non-sens.

L’intérêt d’un RER (réseau express régional) est bien sa capacité à aller au-delà de sa métropole, car les moyens de transport en commun du réseau de ce dernier – bus, trams et métros – ne sont pas adaptés pour les trajets plus longs nécessaires pour lier les villes périphériques entre elles et avec la ville-centre.

Un « RER métropolitain » ne serait rien de plus qu’une extension du réseau de trams et de bus déjà existant, tandis que le « RER girondin » a bien l’ambition de desservir plusieurs centres urbains à travers un service renforcé.


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