Agrandissement de l’A63 : un projet coûteux et sans utilité réelle

La consultation des collectivités locales sur le projet d’agrandissement de l’A63 a donné une réponse claire : le projet est massivement rejeté, considéré comme cher, inégalitaire et mal-conçu. Nous, élu·e·s écologistes du Conseil départemental, partageons cette opinion et, conscients des difficultés de la situation actuelle, appelons au développement de plusieurs projets alternatifs.

Il est prévu que le projet d’agrandissement soit financé par la création d’un péage entre Bordeaux, Salles et Arcachon. Une telle mesure créerait des barrières de mobilités pour de nombreux territoires éloignés des centres d’activité, fragilisant encore plus des populations déjà en difficulté.

L’instauration d’un péage aurait également pour conséquence d’engendrer un report de trafic sur les départementales voisines (le D1250 et le D1010), qui nécessiteraient inévitablement des travaux d’aménagement à leur tour. Ceux-ci représenteraient une nuisance considérable pour les bourgs traversés par ces routes et un coût supplémentaire pour les collectivités locales.

La création de deux nouvelles voies sur l’A63, une dans chaque sens, artificialiserait des sols et serait un coup de plus porté à la biodiversité de notre département.

Le principal avantage du projet, un gain d’environ cinq à sept minutes de temps de trajet en heure de pointe, sera perdu rapidement par l’effet « appel d’air » qu’il provoquera. Par contre, ce même effet « appel d’air » fera qu’encore plus de voitures utiliseront cette autoroute, saturant davantage ses artères latérales.

Au lieu de financer 300 millions d’euros, essentiellement par les usagers, pour un projet aussi contre-productif, nous préconisons d’investir de manière beaucoup plus efficace et nous proposons que :

  • Des études soient menées sur l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence par les bus, cars et covoitureurs, comme ce qui existe depuis 2007 sur l’A48 à Grenoble.
  • Des investissements soient mis en œuvre pour le réseau ferré, afin de développer :
    • Les trains de proximité et notamment le « Réseaux Express Girondin » entre Arcachon et Libourne, afin d’offrir aux Girondins une alternative de haute qualité à la voiture.
    • Le ferroutage entre la frontière espagnole et le nord de la France, afin d’enlever les camions de nos autoroutes.
  • Une modulation horaire des tarifs pour les camions aux cinq péages déjà existants entre Salles et Biriatou, afin d’inciter les chauffeurs de rouler hors des heures de pointe.

Ces mesures auraient un coût bien inférieur au projet pour l’A63 présenté par l’État, voire quasi nul pour la modulation horaire. Elles permettraient aux Girondins de bénéficier de possibilités de modalité de qualité bien supérieure – un réseau ferré rénové et une autoroute décongestionnée – sans les nuisances du projet de l’État. Il nous paraît donc évident de mettre en œuvre les mesures développées ci-dessus et d’abandonner le projet contre-productif d’agrandissement de l’A63.

Stéphane SAUBUSSE (Président du groupe Génération·s – EELV au Département de la Gironde) et Laure CURVALE (Vice-présidente chargée des Mobilités – Transition énergétique et précarité énergétique).